Défense de la Libye contre l’agression de l’OTAN !

Pour la défaite des impérialistes !

Le texte suivant est une traduction d’un article mis sur www.bolshevik.org le 1er avril.

La vaste campagne militaire de l’OTAN en Libye, qui se déroule sous le couvert d’une initiative « humanitaire » pour « protéger » les civils, n’est au fond qu’une tentative faite par les Etats Unis, la Grande Bretagne, la France ainsi que d’autres impérialistes de moindre envergure de se procurer de précieuses réserves de pétrole et de gaz naturel en renversant Mouammar Kadhafi, un client parfois embarrassant.

Pendant les quatre décennies qu’il a gouverné la Libye, Kadhafi (à la différence de Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, les dictateurs récemment renversés en Tunisie et en Egypte) a fait preuve d’une indépendance considérable vis-à-vis du contrôle impérialiste. Kadhafi s’est modelé sur l’Egyptien Gamal Abdel Nasser, qui saisit le canal de Suez et galvanisa un soutien de masse dans le monde arabe pendant les années 1950 en se faisant passer pour un ennemi implacable de l’impérialisme et du sionisme. Dans les années 1970 Kadhafi, un soi-disant « socialiste » qui dénonçait habituellement comme bandits et laquais sionistes la famille royale saoudienne ainsi que d’autres dirigeants arabes pro-impérialistes, nationalisa les industries pétrolière et gazifière. Sous le régime de Kadhafi une partie des bénéfices du secteur de l’énergie, qui représente la très grande majorité des exportations du pays et des revenus gouvernementaux, a été utilisée pour fournir à la population un enseignement et des services de santé.

Les grands groupes pétroliers n’ont jamais été friands de Kadhafi. En 2007 Amy Goodman a interviewé le général américain retraité et ex-directeur de l’OTAN Wesley Clark, qui a révélé que la Libye figurait sur la liste des cibles de l’administration Bush en 2001.[1]« Environ dix jours après le 11 septembre, je suis passé au Pentagone et j’ai vu le Secrétaire Rumsfeld et le Secrétaire adjoint Wolfowitz. J’ai aussi salué quelques membres du Comité des forces armées qui avaient travaillé pour moi, et un des généraux m’a invité dans son bureau. Il a dit, “Monsieur, vous devez me parler brièvement“. J’ai répondu, “Eh bien, vous êtes trop occupé“. Il a dit, “Non, non. Nous avons prit la décision d’entrer en guerre contre l’Irak“. Cette scène se passait le 20 septembre ou aux environs…
« Je suis revenu le voir quelques semaines plus tard, et à cette date, le bombardement de l’Afghanistan avait commencé. J’ai demandé, “Partons-nous toujours en guerre contre l’Irak?“ Il répondit, “Ah, c’est encore pire“. Il chercha quelque chose sur son bureau, ramassa une feuille de papier, et déclara, “On vient de m’envoyer ceci d’en haut“—à savoir du bureau du secrétaire de la défense—“aujourd’hui“. “C’est une note de service explicitant notre projet de descendre sept pays en cinq ans, en commençant par l’Irak, et ensuite la Syrie, le Liban, la Libye, le Somalie, le Soudan et, pour couronner le tout, l’Iran“. »
—Democracy Now, 2 mars 2007
Kadhafi est parvenu à trouver un modus vivendi avec Washington en acceptant de coopérer concrètement dans la « guerre contre le terrorisme » à l’étranger et d’imposer une politique d’ « ajustement structurel » style FMI à l’intérieur du pays. Peu après la Libye a été ouverte à l’investissement étranger, bien des entreprises étatiques ont été bradées et les subventions alimentaires et autre mesures « socialistes » ont fondues. Bien que ces concessions aient suffit pour barrer à titre provisoire la Libye de la liste des cibles potentielles, l’administration Obama n’a pas laisser passer l’occasion de se gagner un accès direct et sans intermédiaire aux réserves de pétrole substantielles de la Libye (estimées à 44 milliards de barils, soit plus que tout autre pays africain).

La chute de Ben Ali et Moubarak a laissé penser à Kadhafi que son tour d’être renversé arrivait. Comme la Tunisie et l’Egypte, la Libye connait un chômage de masse chez les jeunes, et ces derniers temps des signes de mécontentement apparaissaient. Lorsqu’en janvier des manifestants ont occupé des logements sociaux dans plusieurs villes du pays, le régime a répondu en offrant d’ouvrir un fond de développement de 24 milliards de dollars.

Selon une publication saoudienne, quand Kadhafi a apprit l’existence d’une « Journée de colère » prévue pour le 17 février (le cinquième anniversaire de la répression brutale d’une manifestation antérieure) il est entré en scène personnellement dans le but de la mater :

« Le colonel et dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a répondu aux appels émis par la Conférence nationale pour l’opposition libyenne et des activistes libyens à une “Journée de colère” pour le 17 février, calquée sur des événements similaires en Tunisie et Egypte, en prononçant des menaces sans précédent contre toute tentative de semer le chaos et l’instabilité en Libye.
« Ces derniers jours Kadhafi a rencontré en personne des activistes politiques, des journalistes, des personnalités médiatiques et il a donné de sérieux avertissements en précisant que ces professions seraient tenues pour responsables pour le cas où elles participeraient de quelque manière que ce soit au trouble de l’ordre public ou tentative de semer le chaos en Libye. »
—« Kadhafi prêt pour la “Journée de colère” libyenne », Asharq Al-Awsat, 9 février

La Conférence nationale pour l’opposition libyenne (CNOL) fut créée en 2005 à l’initiative du Front national pour le salut de la Libye qui, lié à la CIA, existe, lui, depuis 1981 avec à sa tête Mohammed Youssef Magarieff, un ex-officiel ayant rompu avec le régime deux ans auparavant.[2]Selon l’exposé de Bob Woodward dans Veil: The Secret Wars of the CIA 1981-1987 [Voile : Les guerres secrètes de la CIA 1981-1987], Magarieff était lié à la CIA à travers le président soudanais Nimeiri. Woodward cite un rapport CIA daté du 5 décembre 1983 selon lequel Magarieff « voyait dans le Soudan et les USA ses seuls alliés…il dit qu’à la suite d’une période supplémentaire de formation tactique il espérait entamer une campagne contre la Libye qui donnerait plus de crédibilité à son organisation ». Woodward écrit que « faute de cela [le directeur de la CIA William] Casey ne pourrait obtenir un soutien présidentiel du mouvement anti-Kadhafi ». Le Front national pour le salut de la Libye n’eut manifestement pas des scrupules à établir sa « crédibilité » :
« Le FNSL revendiqua la responsabilité de l’attaque sur le siège de Kadhafi à Bab al-Azizia le 8 mai, 1984. Quoique la tentative de coup d’Etat ait échoué et Kadhafi en ait échappé indemne, des groupes dissidents affirmèrent que quelque quatre-vingt Libyens, Cubains et Est-allemands périrent. D’après des sources variées, l’Agence centrale de renseignement [CIA] des Etats-Unis forma et soutint le FNSL avant et après l’opération du 8 mai. »
—« LIBYA: a country study », Federal Research Division, Library of Congress

A Benghazi, la deuxième ville de la Libye, ainsi que dans des municipalités plus petites, les récentes manifestations initiées par la CNOL ont délogé les durs kadhafiens et mis entre les mains des rebelles le contrôle de la partie orientale du pays. Nul doute que bien des manifestants étaient animés par la haine d’un régime oppressif et par un désir de « liberté » et de « démocratie » en s’imaginant participer à des manifestations quasi spontanées analogues à celles ayant lieu dans d’autres pays avoisinant. Mais à la différence de la Tunisie et de l’Egypte, le soulèvement libyen aurait effectivement été dirigé dès le début par une coalition comprenant des pro-impérialistes, des éléments rebelles du vieux régime et des réactionnaires islamistes. Voilà qui expliquerait la sympathie du Wall Street Journal (23 février) à l’égard des manifestations libyennes, alors que celles en Tunisie et Egypte lui inspiraient des réactions inverses: « Les USA et l’Europe devraient aider les Libyens à renverser le régime Kadhafi ». Ce sentiment a trouvé un écho dans le reste de la presse bourgeoise, ainsi que dans le discours de pratiquement tous les régimes arabes réactionnaires.

La justification pour l’intervention militaire en Libye rappelle les soucis « humanitaires » qui ont servi à légitimer les bombardements de l’OTAN/US sur la Yougoslavie en 1995 et 1999. Comme le font observer beaucoup de critiques, aucun appel équivalent n’a été lancé pour protéger les manifestants au Bahreïn, au Yémen, en Arabie saoudite ou d’autres clients fiables de l’impérialisme, et aucun appel similaire n’a été entendu lorsque l’armée sioniste massacrait des Palestiniens à Gaza il y a deux ans.

Au départ la révolte contre Kadhafi semblait jouir d’un élan considérable. Deux pilotes libyens sont partis à Malte en avion de chasse et des renseignements ont circulé selon lesquels des unités militaires refusaient les ordres du gouvernement et que certaines passaient du côté des manifestants. Quelques diplomates ont rompu avec le régime, ainsi que des personnages politiques clés, dont le chef de l’aviation Aref Sharif et le ministre de l’intérieur Abdel Fattah Younes. Le 21 février, dans le but semble-t-il de rendre service à l’opposition, le ministre des affaires étrangères britannique William Hague a lui-même repris des rumeurs selon lesquelles Kadhafi s’était enfui du pays.

La perte de Benghazi et une vague de défections à l’intérieur du régime ont laissé entrevoir la chute prochaine du gouvernement, mais en l’espace de quelques jours Kadhafi est arrivé à consolider son soutien et lancer des expéditions militaires pour reprendre des territoires sous contrôle rebelle. Mahdi Darius Nazemroaya, citant des informations non publiées en provenance de la Libye, a expliqué cet état de faits :

« L’on prétendait que parmi les hauts dignitaires de l’armée, Mahdi Al-Arab, le chef adjoint de l’état-major militaire libyen, aurait abandonné Kadhafi. Al-Arab a cependant modifié sa position en déclarant qu’il ne veut pas connaitre la dévastation de son pays dans une guerre civile entrainant intervention et tutelle étrangères. Voilà pourquoi Al-Arab a bloqué les manifestants de sa propre ville, Zouara, dans leur tentative de se joindre à la révolte et d’aller aux portes de Tripoli…
« Les 23-24 février, 2010 [sic] il [Kadhafi] a rencontré les chefs des trois plus grandes tribus en Libye (Werfala, Tarhouna et Wershfana) pour s’assurer de leur soutien. Son propre clan, Qaddafa, le soutient ainsi que les tribus Madarha et Awlad Slieman. »
—Global Research, 25 février

Nazemroaya a également mentionné que Kadhafi avait promis de « démissionner d’ici un an » et de ne pas tenter d’installer à sa place un de ses fils.

A la différence de l’Egypte et de la Tunisie où les manifestations ont été des expressions de masse populaires d’opposition à une oppression brutale, le conflit entre les durs kadhafiens et les rebelles siégeant à Benghazi était essentiellement une guerre civile à petite échelle entre factions capitalistes qualitativement équivalentes. Les marxistes ne prennent pas parti dans de tels conflits, quoique nous nous opposions, bien entendu, aux meurtres de civils par les combattants. L’entrée des puissances OTAN dans le conflit a toutefois transformé ce conflit en lutte entre un pays néocolonial et plusieurs pays impérialistes (et leurs agents autochtones). Tout travailleur conscient de ses intérêts de classe doit s’opposer à cette guerre coloniale réactionnaire par tous les moyens possibles, y compris la grève contre la production et le transport du matériel de guerre.

Suite à leurs récentes expériences en Irak et Afghanistan, les USA et les autres puissances impérialistes hésitent à envahir ouvertement un autre pays majoritairement musulman. Alors que beaucoup d’analystes considèrent les forces rebelles comme étant essentiellement négligeables, la dominance écrasante de la puissance aérienne de l’OTAN (ainsi que la forte probabilité de présence militaire impérialiste sur le terrain même[3]Le Sunday Mirror [Londres] a rapporté le 20 mars que « Des centaines de soldats SAS britanniques opèrent avec des groupes rebelles en Libye depuis trois semaines… ») engendrent de sérieuses difficultés pour le régime Kadhafi. Les spéculations abondent sur la possibilité d’une partition et la reconnaissance de Benghazi comme capitale d’un protectorat « indépendant » (et riche en pétrole) dans la région orientale de la Libye. Le Conseil national de transition rebelle serait d’ores et déjà à l’étude d’un plan de livraison à leurs parrains impérialistes des ressources pétrolières libyennes:

« Les rebelles libyens à Benghazi affirment avoir créé une nouvelle société pétrolière nationale pour remplacer celle contrôlée par Mouammar Kadhafi, dont les avoirs ont été gelés par le Conseil de sécurité des Nations unies.
« Le Conseil national de transition a publié une déclaration annonçant la décision prise lors d’un rendez-vous le 19 mars d’établir la “Société pétrolière libyenne comme autorité de supervision de la production et de la politique pétrolières dans le pays, basée provisoirement à Benghazi, et la nomination d’un directeur général intérimaire“ de la société.
« Le Conseil a également dit avoir “désigné la Banque centrale de Benghazi comme autorité monétaire compétent en politique monétaire en Libye“ et “nominé un gouverneur de la Banque centrale de la Libye siégé provisoirement à Benghazi“.
« Le Conseil de sécurité a adopté le 17 mars une résolution gelant les avoirs extérieurs de la Libyan National Oil Corp. et la Banque centrale de la Libye, les deux étant pour le régime de Kadhafi, selon le texte, “une source potentielle de financement“. »
—Bloomberg.com, 22 mars

Il n’est pas question de faire passer le régime Kadhafi pour progressiste de quelque manière que ce soit. Il ne l’est pas. Mais balayer la dictature corrompue et brutale de Kadhafi revient aux travailleurs et masses opprimées de la Libye—et non pas aux colonialistes étrangers et leurs valets indigènes. Voilà plus de 70 ans, le grand révolutionnaire russe Léon Trotsky donna l’attitude marxiste à prendre sur cette question :

« Il règne aujourd’hui au Brésil un régime semi-fasciste qu’aucun révolutionnaire ne peut considérer sans haine. Supposons cependant que, demain, l’Angleterre entre dans un conflit militaire avec le Brésil. Je vous le demande : de quel côté sera la classe ouvrière ? Je répondrai pour ma part que, dans ce cas, je serai du côté du Brésil “fasciste“ contre l’Angleterre “démocratique“. Pourquoi ? Parce que, dans le conflit qui les opposerait, ce n’est pas de démocratie ou de fascisme qu’il s’agirait. Si l’Angleterre gagnait, elle installerait à Rio de Janeiro un autre fasciste, et enchaînerait doublement le Brésil. Si au contraire le Brésil l’emportait, cela pourrait donner un élan considérable à la conscience démocratique et nationale de ce pays et conduire au renversement de la dictature de Vargas. La défaite de l’Angleterre porterait en même temps un coup à l’impérialisme britannique et donnerait un élan au mouvement révolutionnaire du prolétariat anglais. »
— « La lutte anti-impérialiste », 23 septembre 1938

Divers commentateurs conservateurs, dont l’ex-Marine US Eric Margolis, mettent l’accent sur les similitudes entre la campagne de l’OTAN en cours en Libye et l’assaut conduit par les USA contre l’Irak en 2003 :

« Comme pour l’Irak, l’attaque sur la Libye a été précédée par une avalanche de propagande anti-Kadhafi et d’indignation morale débordante émanant des médias et politiciens occidentaux. Des équipes de télévision américaines se sont précipitées en Libye pour assister au châtiment de Kadhafi. Aucune n’est allée au Bahreïn ou au Yémen. »
—21 mars

George Friedman du groupe de réflexion pro-impérialiste STRATFOR qualifie le Conseil national de transition de « groupe très divers, et parfois réciproquement hostiles, de tribus et individus soudés les uns aux autres par une hostilité envers Kadhafi et rien d’autre ». Il les considère comme n’étant guère plus qu’« un fantoche occidental » :

« La capacité de la part de l’Occident de leur imposer sa discipline sans les gouverner, surtout à bref délai, est difficilement imaginable. Ils me rappellent Hamid Karzai en Afghanistan, sacré par les Américains, tenu pour suspect par beaucoup du pays et appuyé par une coalition [impérialiste] débile. »
—STRATFOR, 21 mars

Bien des « progressistes » dupés par le leurre « humanitaire » et après avoir appuyé l’idée d’une zone « d’exclusion aérienne » ont déclaré leur étonnement lorsque cette dernière a abouti au bombardement des unités militaires libyennes. Les partisans situés sur la gauche de la « Révolution libyenne » installée à Benghazi ont du mal à expliquer pourquoi on devrait qualifier autrement que de laquais impérialistes ceux qui épousent l’intervention militaire de l’OTAN.

Antérieurement, des reportages faisaient part du refus affiché par quelques éléments de la coalition anti-Kadhafi à une intervention étrangère, mais ce sentiment s’est évidemment évaporé à mesure que les forces de Kadhafi ont avancé.

Le groupe britannique Workers Power (Pouvoir Ouvrier) s’est positionné parmi les supporters les plus exaltés des rebelles benghaziens. Le 19 mars, lorsque le bombardement impérialiste se déclenche, Workers Power poursuit son « soutien inconditionnel » :

« La révolte contre la dictature de Kadhafi mérite le soutien inconditionnel des révolutionnaires et des tous les peuples de la région, et cette position ne doit pas être revue suite à l’intervention des Nations Unies.
« Ceux qui s’opposent à des régimes réactionnaires, si puissants soient-ils, ont le droit de recourir aux armes quand ils le peuvent et à tirer avantage de toutes les faiblesses de leur adversaire. Cela reste vrai même quand les faiblesses sont les résultats de l’action impérialiste. Si, par le biais de la zone d’exclusion aérienne, les insurgés et les révolutionnaires en Libye peuvent reprendre des positions, saper le moral ou la loyauté des troupes de Kadhafi et même avancer sur la capitale, Tripoli, cela sera un pas en avant pour la révolution libyenne et doit être salué en tant que tel.
« Au même temps nous devons nous opposer à l’attaque des USA, de la Grande Bretagne et de la France. Les attaques impérialistes permettent à Kadhafi de poser comme le défenseur de la nation. Cela lui donne une cause qui peut être partagée par le peuple, alors qu’auparavant sa guerre y était complètement opposée. Maintenant il peut essayer de rallier une partie du peuple et de le mobiliser contre la révolution. »
—« Victoire à la Révolution libyenne ! »

Cette célébration des occasions présentées à la « Révolution libyenne » par l’intervention impérialiste démasque la fausse « opposition » de Workers Power à la campagne militaire de l’OTAN. Cette dernière capitulation politique honteuse rappelle leur refus antérieur de défendre militairement les Serbes bosniaques contre les attaques des avions de combat britanniques, français et américains en août-septembre 1995 (voir « LRCI Splits Over Bosnia Betrayal », 1917, édition anglaise, n° 17, 1996). Dans chaque cas Workers Power axe sa position non pas sur le principe marxiste mais plutôt sur ce qui est populaire au moment actuel.

La véritable lutte pour déraciner la dictature exécrée et corrompue de Kadhafi doit prendre forme sur une mobilisation plus large contre le système capitaliste mondial tout entier, cause d’une surexploitation brutale sur la majeure partie du globe. Cela doit commencer par une opposition inconditionnelle à toute intervention impérialiste dans les pays néocoloniaux comme la Libye.

La défense de la Libye contre l’attaque impérialiste est une question d’une grande importance non seulement pour les travailleurs et opprimés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, mais aussi pour les ouvriers vivant dans les pays impérialistes. Dans les pays « développés » de même que dans les pays « sous-développés », les intérêts historiques des travailleurs sont essentiellement identiques.

Une série de révolutions socialistes qui renversent l’ordre mondial impérialiste tout entier—voilà la seule façon de libérer l’immense capacité productive de l’humanité de l’irrationalité destructive des interminables guerres sanglantes pour le partage de ressources et de zones d’influence. Ces révolutions exigent la construction de partis léninistes-trotskystes implantés solidement dans le prolétariat et armés du programme de la révolution permanente.


[1]

« Environ dix jours après le 11 septembre, je suis passé au Pentagone et j’ai vu le Secrétaire Rumsfeld et le Secrétaire adjoint Wolfowitz. J’ai aussi salué quelques membres du Comité des forces armées qui avaient travaillé pour moi, et un des généraux m’a invité dans son bureau. Il a dit, “Monsieur, vous devez me parler brièvement“. J’ai répondu, “Eh bien, vous êtes trop occupé“. Il a dit, “Non, non. Nous avons prit la décision d’entrer en guerre contre l’Irak“. Cette scène se passait le 20 septembre ou aux environs…
« Je suis revenu le voir quelques semaines plus tard, et à cette date, le bombardement de l’Afghanistan avait commencé. J’ai demandé, “Partons-nous toujours en guerre contre l’Irak?“ Il répondit, “Ah, c’est encore pire“. Il chercha quelque chose sur son bureau, ramassa une feuille de papier, et déclara, “On vient de m’envoyer ceci d’en haut“—à savoir du bureau du secrétaire de la défense—“aujourd’hui“. “C’est une note de service explicitant notre projet de descendre sept pays en cinq ans, en commençant par l’Irak, et ensuite la Syrie, le Liban, la Libye, le Somalie, le Soudan et, pour couronner le tout, l’Iran“. »
—Democracy Now, 2 mars 2007

[2]
Selon l’exposé de Bob Woodward dans Veil: The Secret Wars of the CIA 1981-1987 [Voile : Les guerres secrètes de la CIA 1981-1987], Magarieff était lié à la CIA à travers le président soudanais Nimeiri. Woodward cite un rapport CIA daté du 5 décembre 1983 selon lequel Magarieff « voyait dans le Soudan et les USA ses seuls alliés…il dit qu’à la suite d’une période supplémentaire de formation tactique il espérait entamer une campagne contre la Libye qui donnerait plus de crédibilité à son organisation ». Woodward écrit que « faute de cela [le directeur de la CIA William] Casey ne pourrait obtenir un soutien présidentiel du mouvement anti-Kadhafi ». Le Front national pour le salut de la Libye n’eut manifestement pas des scrupules à établir sa « crédibilité » :

« Le FNSL revendiqua la responsabilité de l’attaque sur le siège de Kadhafi à Bab al-Azizia le 8 mai, 1984. Quoique la tentative de coup d’Etat ait échoué et Kadhafi en ait échappé indemne, des groupes dissidents affirmèrent que quelque quatre-vingt Libyens, Cubains et Est-allemands périrent. D’après des sources variées, l’Agence centrale de renseignement [CIA] des Etats-Unis forma et soutint le FNSL avant et après l’opération du 8 mai. »
—« LIBYA: a country study », Federal Research Division, Library of Congress

[3]
Le Sunday Mirror [Londres] a rapporté le 20 mars que « Des centaines de soldats SAS britanniques opèrent avec des groupes rebelles en Libye depuis trois semaines… »