Discours de la TBI dans une manifestation anti-guerre à Toronto

Troupes impérialistes hors d’Afghanistan immédiatement !

Voici le texte d’un discours donné par un camarade de la TBI lors d’une manifestation anti-guerre à Toronto le 15 octobre 2011. La manifestation se composait d’un front unique entre la TBI, BASICS Community News Service, Proletarian Revolutionary Action Committee (affilié au Parti communiste révolutionnaire, dont le siège est à Montréal), Socialist Action (Secrétariat unifié) et des militants de diverses organisations.

Nous sommes heureux d’être ici aujourd’hui pour participer à cette manifestation de front unique pour marquer le 10ième anniversaire de l’occupation criminelle de l’Afghanistan. Nous approuvons totalement la revendication demandant que l’on jette les voyous armés de l’impérialisme canadien « hors d’Afghanistan immédiatement ! »

En tant que marxistes, nous pensons qu’il est essentiel de lier la question des guerres impérialistes telle que l’attaque contre l’Afghanistan à une compréhension plus globale de la nécessité de lutter contre le système capitaliste tout entier. L’important à nos yeux est de développer cette conscience au sein de la classe ouvrière et parmi la jeunesse en voie de radicalisation. Bien que les révolutionnaires soient satisfaits de manifester contre la guerre impérialiste aux côtés des libéraux, sociaux-démocrates et pacifistes, nous avons également le devoir de combattre ce que Léon Trotsky (fondateur de l’Armée rouge) appelait « les illusions narcotiques et débilitantes du pacifisme ». Vladimir Lénine, le partenaire de Trotsky dans la Révolution russe de 1917, affirma qu’au bout du compte, la seule façon de mettre fin à la guerre impérialiste est de renverser le capitalisme :

« Notre mot d’ordre doit être : l’armement du prolétariat pour qu’il puisse vaincre, exproprier et désarmer la bourgeoisie… C’est seulement après que le prolétariat aura désarmé la bourgeoisie qu’il pourra, sans trahir sa mission historique universelle, jeter à la ferraille toutes les armes… »

Les marxistes ne sont pas pacifistes. Le mouvement anti-guerre que nous voulons construire se doit de dire la vérité aux masses—à commencer par l’affirmation qu’« On ne peut pas redresser le capitalisme ! » Dans les guerres néocoloniales comme celles menées contre la Libye, l’Irak et l’Afghanistan, les socialistes sont du côté du peuple opprimé contre les agresseurs impérialistes. Nous le sommes en Afghanistan tout en nous opposons complètement aux talibans réactionnaires, misogynes et théocrates—une formation qui, comme l’Al-Qaeda d’Oussama ben Laden, a ses origines dans les moudjahidines formés par la CIA pendant les années 1980 pour combattre le régime nationaliste de gauche prosoviétique du PDPA. Tout en nous opposons complètement aux talibans sur le plan politique, nous soutenons toute frappe militaire qu’ils puissent diriger contre les envahisseurs de l’OTAN.

Les troupes de l’OTAN ne sont pas en Afghanistan pour libérer les femmes, construire des écoles ou combattre le « terrorisme »—l’OTAN elle-même est l’organisation terroriste la plus importante et aussi la plus dangereuse au monde. La « mission » en Afghanistan, dès le début, était d’installer des routes de transit pour les ressources pétrolières immenses du bassin caspien. Il est aujourd’hui évident que, du point de vue stratégique, la guerre impérialiste en Afghanistan est perdue. Les talibans ont survécu et les forces impérialistes se retirent peu à peu. Nous accueillons chaleureusement cette défaite.

Cette guerre n’a jamais été très populaire au Canada—cela en dépit de toutes les tentatives faites par la classe dirigeante d’insuffler à la population le poison militariste patriotique. Or nous devons comprendre que la stratégie menée par le mouvement de paix officiel par rapport aux guerres en Irak et Afghanistan a échoué presque aussi spectaculairement que les interventions militaires elles-mêmes. Cela en grande partie, à notre avis, du fait que celui-ci a été exclusivement organisé autour d’une politique pacifiste, libérale et pro-capitaliste dans le but de gagner une « respectabilité » mainstream.

Nous sommes pour une approche différente—une approche de lutte de classe au travail anti-guerre qui lie la guerre impérialiste à l’étranger aux attaques contre les travailleurs et les opprimés dans ce pays. Un exemple exceptionnel en est la grève anti-guerre de masse le 1er mai 2008 réalisée par des dockers américains. Ce jour-là 25 000 membres de l’International Longshore and Warehouse Union ont fermé tous les ports depuis San Diego jusqu’à Seattle pour protester contre l’occupation de l’Irak.

Cette action importante (largement occultée par les médias capitalistes, bien entendu) a été initiée par Jack Heyman, un ami à nous et militant de lutte de classe de longue date sur les docks. Elle a été menée au mépris des menaces de poursuite légale proférées par les patrons maritimes et les médiateurs gouvernementaux du travail. C’était la toute première fois que des travailleurs américains menaient une grève politique contre une intervention impérialiste militaire ; et cela représente un modèle pour futures actions plus importantes et plus militantes—aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs.